Eternité, escargots et coccinelles
Hier, mon susucre favori chantait la Petite Messe Solennelle de Rossini, à l'Eglise du Chateau de de Compesières. Après le (beau) concert, nous avons fui le public pour profiter un instant de la vue sur les remparts du Mont Salève et la plaine, entre soleil couchant et arc-en-ciel. Nous avons emprunté les allées d'un de ces petits cimetières de campagne, ceux qui sont trop vieux et coquets pour être tristes.
Ici, un escargot minuscule grimpe sur la pierre tombale d'un dénommé François; là, une tombe bien plus imposante, celle d'une Grand-Croix de l'Ordre de Malte (!), est décorée d'escargots géants, presque aussi longs que ma main. Il est vrai que l'église appartenait autrefois à cet ordre illustre; et il est normal que chaque tombe arbore les escargots qu'elle mérite.
Quelques mètres plus loin, il y a une tombe qui paraît presque anonyme, tellement l'inscription sur la croix est petite. Il y a une modeste couronne avec un angelot, qui semble se prélasser gaiement à l'ombre de la croix, et une grosse coccinelle en plâtre: probablement, elle est censée porter bonheur au défunt, lors de son dernier voyage. Voilà une sépulture bien sympa.
Gioachino Rossini, un homme qui pensait à la mort dans l'optimisme et la bonne humeur: «Bon Dieu… la voilà terminée, cette pauvre petite messe. Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire, ou bien de la sacrée musique ? J’étais né pour l’opera buffa, tu le sais bien ! Peu de science, un peu de cœur, tout est là. Sois donc béni et accorde-moi le Paradis.»