Journal des Alpes
Un beau chapitre pour mon carnet de voyage.
Tout commence un jeudi matin, départ pour un plan très improvisé (se rendre à Fionnay, Valais, marcher jusqu'au glacier de Corbassière); nouvelle improvisation sur place en constatant les horaires peu adéquats des transports. Donc déviation vers Verbier avec chauffeur sympa qui ne me fait pas payer la différence et me file des tuyaux pour une nouvelle marche. Arrivée à 2700 mètres en télécabine, suite de la marche vers le col des Gentianes, sous le charme d'un paysage de plus en plus lunaire.
Dès le départ je tombe sur une grosse marmotte imprudente qui tarde à se cacher. Montée à pieds vers le col, puis nouvelle ascension en télécabine jusqu'au Mont-Fort. La ligne enjambe un glacier dont la surface se courbe comme le dos d'un immense pachyderme. Au sommet (3300 m), la vue défie l'imagination, même la mienne: on a l'impression de se trouver face à un océan en tempête, pétrifié au moment extrême de son déchaînement. Les crêtes blanches, du Torrent jusqu'au Cervin, aux Combins et au massif du Mont-Blanc délimitent l'horizon, pendant qu'aux pieds du pic le relief brun s'illumine de petits joyaux couleur d'émeraude: le Lac de Louvie entre autres, que je retrouverai le lendemain. A la surface des vagues rocheuses, des nuages dérivent avec leurs voiles argentées.
Je redescendrai tranquillement, cette fois je prendrai le temps de dénicher les grosses marmottes brunes et les hermines fauves. Nuit en cabane après un beau coucher de soleil.