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Lobita
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11 décembre 2005

Certitude

carnet Merci chère Livy (voir lien "Beauty of Wales"), qui m'a envoyé un poème d'amour léger, sentant bon l'optimisme et la joie de vivre. C'est "Certitude" de Paul Eluard. Amis de la blogosphère, que ferais-je sans vous... ;-) p_eluard_certitude Et en annexe, pour me faire pardonner le blues de la semaine passée, une petite histoire vraie de la série "Il n'est jamais trop tard". La protagoniste, je l'avoue, est ma propre grand-mère, qui s'appelait Nena. Nena était heureusement mariée pendant 55 ans à Louis, un homme paisible et sympathique. Malheureusement une vilaine maladie a fait de Louis une larve pendant les deux dernières années de sa vie, et la pauvre Nena s'est épuisée pour le soigner. Mais l'histoire que je veux raconter commence le jour de l'enterrrement de Louis. Nena a 80 ans, un caractère gai et l'esprit vif, mais à présent est fourbue et à moitié hébétée par le chagrin. Elle répond poliment aux gens qui viennent présenter leurs condoléances mais les écoute à peine. Tout à coup elle voit arriver un monsieur très âgé qu'elle a l'impression de ne pas connaître. Le monsieur présente lui aussi ses condoléances mais ne s'en va pas et la regarde avec insisitance. Elle le regarde aussi, à travers le brouillard de ses larmes de veuve. "Tu ne me reconnais pas?" dit le monsieur timidement. Reconnaitre? Ouf, Nena a d'autres chats à fouetter... "C'est Augusto", insiste le monsieur. "Augusto, tu te souviens, on était jeunes..." Mais oui, Augusto: Nena a 80 ans mais elle est encore très lucide et n'a pas perdu la mémoire: Augusto l'avait courtisée lorsqu'ils avaient tous les deux 20 ans, elle n'avait pas trop croché, lui s'était vexé et n'était pas revenu, puis elle avait rencontré Louis. Elle doit s'avouer qu'elle est contente de le voir. Augusto continue à parler de façon courtoise, comme c'est dommage pour ce pauvre Louis, il a reconnu son nom dans l'annonce du quotidien bolognais, etc. etc. Puis tout à coup il lance: "Tu joues toujours du piano?" Bien sûr, Nena n'a jamais abandonné le piano qui est presque toute sa vie; elle donne d'ailleurs encore des cours, malgré son grand âge, et possède des mains énormes et très agiles. "C'est bien" continue Augusto "car moi j'aimerais bien, comme ça, prendre quelques cours..." Nena n'a pas beaucoup d'élèves qui débutent à 80 ans et bien qu'encore hébétée par le chagrin, elle commence à se douter que le monsieur ait d'étranges arrière-pensées. "M-mouais, si tu veux, tu peux m'appeler - dans quelques jours peut-être (traduction: "ça t'embête que je finisse d'enterrer mon mari? Merci...")". Augusto semble rayonnant et il ne va plus se retenir, il lâche le gros morceau. "Nena, je voulais te dire que je pense avoir tout raté dans ma vie..." A noter: impossible de croire qu'Augusto parle de sa vie professionnelle, car il a été riche et estimé. Là, Nena va trouver une excuse et se sauver, car un fou rire incontrôlable va bientôt se mêler à ses sanglots de veuve et que ça étonnerait fort les braves gens qui sont venus à l'enterrement. Sur la fin de l'histoire je peux seulement dire que je ne crois pas que Nena m'ait jamais tout raconté; Augusto l'a vraiment recontactée quelques jours après l'enterrement, elle a été chez lui, je ne sais pas ce qui s'est passé après... Je ne sais pas non plus si cet Augusto était un admirateur inconditionnel de Shakespeare, ni s'il avait étudié la scène du Richard III où l'affreux Richard courtise Lady Ann sur la tombe de son mari; en tout cas il n'a pas trop mal réussi son exploit scénique. Si vous avez aimé cette histoire, lisez "L'amour aux temps du choléra" de Gabriel Garcia Marquez. Changeons de conversation: je prévois de retourner à Paris pendant mes vacances de Noël (après le 29 décembre); je me réjouis déjà d'y retrouver ma Marmotte préférée (si vous ne la connaissez pas, allez la voir... http://mymymarmotte.canalblog.com)
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Commentaires
L
>Dim: lol lol lol pour la phrase de Dormesson! Il y a aussi une petite chanson très drôle de Brassens (toujours lui!) qui s'appelle "Trompe la mort"<br /> >Philippe: bienvenu Philippe qui me visite je crois pour la première! Merci pour tes compliments et à bientôt sur nos sites (es-tu Lyonnais?)
P
Une belle histoire, sur un bien beau site (j'ai rarement vu le Parc de la Tête d'Or photographié avec autant de poésie et de personnalité). Je retrouve la finesse d'analyse d'une visiteuse dont l'anglais n'est pas pauvre du tout et dont le regard est très subtil. Merci pour ce récit suspendu.
D
Une histoire comme seule, tu sais les raconter, Lobita.<br /> J'ai voyagé, comme dans un film. Une histoire qui réchauffe le coeur et donne l'espoir de l'intemporalité.<br /> Seulement désolé d'avoir été aussi tardif à la lire, j'en aurais profité davantage. Mais j'ai toujours été le dernier en tout !<br /> <br /> Moi, je crois que le jour où j'aurai 80 ans, je voudrai apprendre à chanter !<br /> <br /> Et pour reprendre Jean Dormesson. "La vieillesse, c'est tout de même ce qu'on a trouvé de mieux pour lutter contre la mort !!!"
L
>oui elvira et l'amour vrai n'est jamais lourd ;-)<br /> > mymy: tu es un amour (bon ça on le savait déjà...)<br /> >G MIKE: heu, non, je crois que pour les nombreux enfants les carotte sont cuites... malgré le progrès des technologies modernes... ;-) tant mieux, comme ça on a une histoire avec un final un peu différent!
G
Voilà une histoire qui ne pouvait pas finir en : ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...
Lobita
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