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Lobita
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28 novembre 2005

Prise d'otage au supermarché, protagoniste: Lobita

Est-ce qu'à votre avis Lobita peut s'en aller tranquillement au supermarché un samedi après-midi, comme tout le monde? Evidemment, la réponse est: NON. Samedi 26 novembre, 17 h (la fermeture des magasins en Suisse est à 18h, le samedi). Je suis en train d'attraper un panier à commissions et m'engager dans les méandres de la grande surface, lorsqu'un cri perçant me glace le sang. Je regarde à droite et à gauche: de nouveaux cris retentissent. Finalement j'aperçois un petit chien, attaché à une barre métallique, près d'un caddy "garé" par une ménagèr pressée. Il glapit lamentablement et arrive à produire des sons semblables aux cris d'un bébé abandonné dans une benne à ordure. Certainement, cet animal ne manque pas de ruse et sait comment on capture un humain. Mon coeur de barbe-à-papa (ou de barbe-à-maman si vous préférez) commence déjà à fondre. Je m'approche et le petit chien me fait des signes évidents d'amitié. Allez, un calin; je m'accroupis et je lui fais pat-pat. Hop! Le petit saute dans mon giron et s'y blottit, en s'accrochant au mieux avec ses pattes. Non, quand même, voyons: descends... je le repousse gentiment et je me redresse: nouvelle série de cris déchirants. OK, et je me rassieds immédiatement près de lui. Je dis bien je m'assieds, à même le sol évidemment, car le petiot qui ne veut pas décoller de mes genoux est quand même lourd. Dans des situations semblables, vécues dans le passé, ma mère était à côté de moi; peu sentimentale et connaissant bien sa fille, elle saisissait mon bras avec énergie et répétait frénétiquement "non-non-non-laisse tomber-laisse tomber-laisse tomber-ons'envaons'envaons'enva". Hélas, dans ce supermarché je suis seule et le piège se referme sur moi. Je suis clouée au sol, assise par terre avec le petit chien sur les genoux, il sème ses poils partout sur mon manteau et me lèche la figure. Une vendeuse passe: "Vous savez à qui est ce chien?" Elle répond de façon évasive et se dépêche de s'éloigner (pas folle, la vendeuse). Près d'une maman qui remplit ses sacs des provisions achetées, deux fillettes à l'air doux et aux cheveux longs m'observent. "Il est gentil le chien?" demandent-elles timidement. "Bien sûr...Il est triste car sa maman l'a abandonné (mais qu'est-ce qui me prend de dire des choses pareilles à des enfants?)" Les fillettes s'approchent et commencent à caresser le chien. Ce n'est pas lui qui va se dérober. La maman nous rejoint avec ses sacs et constate qu'elle ne récupérera pas ses filles avant un bon moment, à moins de les menacer de mort (et encore). Résignée, elle commence à bavarder avec la dame extravagante assise par terre sous le chien. Une autre dame intervient et ajoute ses cinq bonnes minutes de remarques sur ces gens au coeur dur qui délaissent leur animal de compagnie. Elle aussi fait pat-pat au chien. Le temps passe et nous en sommes déjà aux reflexions socio-philosophiques. Un retraité quitte à l'instant la caisse, nous voit, son visage parcheminé s'ouvre en un grand sourire tendre (où manquent quelques dents), il se penche malgré son arthrite et caresse le chien; juste derrière le premier monsieur, un autre monsieur âgé qui pousse son chariot reste coincé dans l'espace étroit, s'irrite d'abord, puis remarque le chien et se détend - évidemment. Lui aussi a droit à ses cinq minutes de conversation aimable, sourires tendres et p'titchienthérapie. Quant au chien, je crois que cette bête a la capacité d'absorber les calins de toutes les mains de l'univers. L'heure tourne et un vrai attroupement s'est formé, au milieu (si on regarde bien) il y a une petite brune-rousse assise par terre, dans son manteau de poils de chien, prise en otage par un chien. Des hommes mal rasés passent, ce sont peut-être des solitaires qui font tristement leurs courses, en attente de la bonne compagne qui les ferait pour eux; ils nous regardent, sourient, hésitent à s'arrêter et se payer leur moment de détente calino-cynophile, il se retiennent; que diable, un homme c'est un homme. Je m'arrête là car la fin de l'histoire est escomptée (les maîtres du chien arrivent et récupèrent leur bien). Tout cela veut certainement dire quelque chose, et je pourrais écrire de longues pages de reflexions sur notre société, sur la relation homme/animal, sur la solitude et la communication, la fibre maternelle et la névrose d'abandon; mais je préfère laisser que chacun fasse sa propre analyse et tire ses conclusions...
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Commentaires
G
Un moment bien drôle, et je suppose que le temps manquant avant la fermeture, vous avez des économies en plus !
J
Bravo ,bravo !!!<br /> En lisant votre texte ,je m'étais complétement identifié à vous , j'étais totalement à votre place !!<br /> Merci pour votre visite .
L
j'avoue que ce p'tit chien était un vrai baume pour mon coeur végétal. ;-)
M
Tu es un coeur d'artichaud ! ;-)<br /> En fait j'allais poser la même question que Dan, de savoir si tu avais pu tout de même faire tes courses. Je vois que oui, mais j'ai la nette impression que tu as passée plus te temps à faire des caresses à ce p'tit chien. <br /> C'est une tendre histoire que tu nous racontes là et qui ouvre effectivement la réflexion sur d'autres genres de relations.<br /> Bises
L
je me rejouis que tu pompes chez moi pour confectionner un article au titre si suggestif. Oui, j'ai encore réussi à faire mes courses.... et de toute façon si mon frigo reste vide pour le week-end je m'invite chez mes amis à Lyon...:-)
Lobita
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