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Lobita
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21 novembre 2005

Première station

Parish_Alvars1 Mardi 15 novembre, première rencontre autour de la partition de Giambattista Pergolesi, Stabat Mater. Je suis encore bouleversée par cette musique et la force de ce qu'elle exprime. Nous avons interprété la pièce 1, qui est intitulée justement "Stabat Mater", en duo. Je tente de vous décrire cette pièce avec mes pauvres mots bien insuffisants. Mon langage est très peu technique et très imagé. Le texte du Stabat Mater vient de la tradition catholique; je ne le vous traduirai pas mais vous raconterai l' histoire, un peu différente, que la musique me dessine. f2 Une petite introduction sobre, un tempo grave 4/4, une tonalité mineure. Une voix féminine grave (à l'origine c'était une voix de castrat), une voix de "Mère Terre", attaque, sur un fa. Regardez la ligne que les notes forment: FA,mi /LAb, sol /DO,si b. On est sur une pente ascendante quoique difficile (Golgotha). Le tempo suggère une démarche lente et pénible; et pourtant la basse dessine un mouvement constant de croches qui nous pousse inexorablement en avant. Une voix aigüe semble emboîter le pas à l'alto, mimer sa démarche grave; mais elle le fait d'une façon étrangement décalée, qui rappelle un phénomène d'écho. Le décalage est aussi bien harmonique que rythmique et produit des dissonances et des frottements. Ai-je tort de voir les pieds de la femme âgée qui suivent péniblement les pas de son fils, alourdi par la poutre mise à travers ses épaules. La femme vit intérieurement sa souffrance, liée à celle de son fils et pourtant différente. f4 Par moments les voix se réjoignent et chantent en harmonie et en homorythmie, puis l'écart s'ouvre à nouveau. N'est-ce pas ainsi que deux êtres qui s'aiment tentent de rester unis dans un grand malheur. Lorsque les croches remplacent les blanches et les noires, des contretemps et des staccati légers, sur des mouvements descendants, me font penser aux sanglots. Mais ne vous leurrez pas, rien ne ressemble moins au mélodrame que cette pièce: elle nous donne au contraire l'image d'une grande pudeur, d'une dignité qui défie les circonstances. Les quelques indications écrites d'expression sont: "doucement","toujours doucement", "à voix basse", et même les sanglots qui s'échappent dans les moments d'arrêt (surtout vers la fin de la pièce) sont discrets. Tout cela me secoue cent fois plus que les envolées spectaculaires du romantisme. L'homme qui avance malgré l'énorme poids qui l'écrase, n'est-ce pas un peu nous tous. La femme qui le suit malgré tout, n'est-elle pas l'image de l'amour parfait que nous tous voudrions (re-?)trouver. Non, ce n'est pas du catéchisme, c'est un message vivant qui se dégage de cette pièce. f1 Dans deux semaines je chanterai l'alto dans le duo "O quam tristis". Faut que je commence à travailler. Note: la petite interlude florale, ce sont trois images de l'exposition "Floralies" de Genève, que j'ai filmé pour la chaîne "Léman Bleu"
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Commentaires
L
A bientôt sur ton site aussi, j'y reviendrai souvent. Ciao
D
Les images invisibles de ta note (de tes notes !) sont tout simplement splendides. Parce qu'elles unissent en moi à jamais deux passions inaltérables. Que les autres y croient ou pas n'a pas d'importance, mais ne dit-on pas que chanter l'Amour infini, c'est prier deux fois, mille fois ?<br /> J'ai eu la chance immense de pouvoir faire ce chemin-là, et, fermant les yeux, de chercher les pas de celui qui m'avait précédé quelque deux mille ans plus tôt. L'émotion était très grande, presqu'insupportable, mais tellement "Vivante" !<br /> Et là, il est tout simplement impossible de retenir ses larmes !<br /> <br /> Merci pour cette page à lire et à relire !<br /> A très bientôt !
D
Le stabat mater de Pergolèse. sublime, envoutant, exalté et intimiste. pendant longtemps un disque de chevet. pour toujours dans la mémoire...
L
je suis ici: www.floweringowl.canalblog.com
E
Sublime... Comme d'hab'! :-)
Lobita
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