9 novembre 2005
Le syndrome du pays des merveilles
Certains de nous sont prévalemment auditifs et d'autres plutôt visuels, on me le sérine depuis le premier jour de ma formation d'enseignante, et c'est probablement vrai. Mais à quelle catégorie j'appartiens? Personnellement, je me situerais parmi les plus-que-visuels, s'ils existent, et peut-être que dans mon cas le terme "visionnaire" s'applique mieux que le terme "visuel".
Depuis toute petite, lorsque je lis ou j'écoute un recit, les mots s'animent comme s'ils avaient une vie propre.
Les mots pour moi sont des images, plus que des images, des CHOSES tangibles: même les lettres de l'alphabet sont vivantes, des traces d'encre épaisse, gluante, de la poudre de graphite sur les fibres de bois blanchies, des agglomérations de pixels. Rondeurs, pattes, queues d'hirondelles et moustaches de poissons-chats, yeux noirs, bouclettes, tiges, ailes de papillon, épis de blé, rouages. Tout y est, tout devient constamment. Mon plus grand rêve est d'apprendre l'art de la calligraphie arabe, ça m'irait comme un gant.
Lorsque j'écoute de la musique j'ai l'impression de voir plus que d'entendre, et des fois je pense qu'en réalité je suis une sourde qui voit les sons. Chaque ligne d'une partition est comme un ruban qui se déroule et prend les couleurs de l'arc-en-ciel. En fait, le do est la seule note que j'entends/je vois noire: le re est vert, le mi jaune, le fa couleur brique, le sol bleu, le la blanc, le si pourpre. Les sons ressemblent à des objets suspendus en l'air: ils gonflent, deviennent solides, s'envolent ou se posent. Selon les instruments qui les jouent ils sont épais, arrondis, translucides, dorés ou irisés.
Sur ça, je consacre une petite composition à Rimbaud, qui a écrit le plus beau poème que je connais ("L'Etoile").
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