Journal parisien IV et V
Mercredi, visite du SATIS, sigle qui comporte, je crois, le mot salon, le mot audiovisuel, le mot technologie et le mot solutions. Tout ce qu'il faut pour occuper 8 heures de ma journée. Perdue dans une foule de passionnés, qui curieusement étaient presque exclusivement des hommes (mais qu'est-ce que je faisais là?), à essayer toute sorte de logiciel de manipulation d'images numériques. C'est fou ce que l'image devient pour nous infiniment plus intéressante que sa source, que "la chose". C'est peut-être parce que l'image est le produit de notre pensée et la chose existe par elle-même et se passe de nous.
J'en ai eu la confirmation aujourd'hui avec l'Église de Saint-Sulpice, que j'ai visité principalement pour voir la chapelle des Saints Anges de Delacroix. Bien que l'architecture de l'église soit originale et imposante, les peintures de Delacroix très belles, en visionnant ma petite bande DV je me rends compte que les images que j'ai tourné me fascinent et me captivent de loin plus que tout ce que j'ai vu avec les yeux. Si j'ai visité cette église c'est d'ailleurs parce que j'ai lu un livre qui la décrivait (écrit par un historien de l'art qui a dû passer des mois en contemplation de la Lutte avec l'Ange, si je comprends bien). Si j'étais simplement passé devant la façade classique et monumentale de Saint-Sulpice je ne crois pas que je serais jamais entrée...
Avant hier vers le soir, une personne qui aurait pu être - encore une fois - de celles auxquelles on applique l'étiquette SDF, se tenait curieusement debout devant une affiche quelconque, à l'entrée du métro rue Rambuteau. L'homme - car c'en était un - semblait très attentif et occupé par l'affiche et je n' ai pas pu m'empêcher d'épier ce qu'il faisait... En fait, il était muni d'un crayon et crayonnait lentement une zone de l'affiche suivant la texture irrégulière du support; il semblait être à la recherche de formes, de figures qui auraient pu apparaître de son crayonnage. Je reviendrai ce soir voir si son travail a avancé car j'adore les artistes des rues.
Commentaires sur Journal parisien IV et V
- >juHélas, selon le livre de Jean-Paul Kauffmann une renovation radicale de St.Sulpice est impossible; je ne me souviens plus de la raison, je crois que c'est lié aux matériaux utilisés et au mode de construction, l'église continue à se dégrader malgré toutes les interventions qu'on y fait. Sigh! Les meilleurs s'en vont.
- Dans certaines villes, notamment en Allemagne, on croise des églises noires, un peu crasseuses. On m'expliquait que cette couche de saleté protégeait la pierre de l'oxydation. D'où l'impossibilité de ravaler.
peut être est-ce différent ou identique à Paris, je l'ignore, enfin, c'est dommage pour St Sulpice. - >ju, encoreje te cite le bouquin de Kauffmann: "(...)l'humidité. Elle infecte la pierre, désagrège le mortier de joints, mange les charpentes métalliques, perfore les toitures." et plus loin: "On a cru soulager le mal en rapiéçant l'édifice à l'aide de béton armé. L'oxydation a fini par gonfler l'armature: la pierre a éclaté." Le bouquin est de 2001, peut-être qu'ils ont trouvé une solution depuis?
- Oui j'avais lu ça aussi sur le béton armé. Mais les études sur les conséquences de cette pratique sur certains type de pierre ne sont parues que bien plus tard.
J'suis passé à Dresde cet été, la plupart des batiments sont noirs,ou tendent à l'être bientôt, on laisse la crasse qui finalement protège mieux que le béton armé ..
